JEAN-FRANCOIS

A cracked tile on the roof of the garden shed, the rain had infiltrated in, the wooden box on the wet concrete soaked, then the cardboard shoe box, then my childhood photos preciously tidied up against each other…
Second rainwater and tears print, then you have to peel off the image sometimes reprinted on the back of the previous one and leave room to dry.
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Une tuile fendue dans l’abri de jardin, une fuite, goutte à goutte, la caisse en bois sur le béton mouillé s’imbibe lentement, ainsi que la boîte à chaussures contenant toutes mes photos d’enfance bien rangées l’une contre l’autre…
Le second bain révélateur à l’eau de pluie dure quelques mois et quelques larmes, puis il faut décoller l’image parfois réimprimée sur le dos de la précédente, et prévoir de la place pour sécher.
Avant, je regardais ces photos avec nostalgie, reconnaissant qu’elles conservent des instants précieux de ma vie. En découvrant mes débris de photos moisies, je me suis senti trahi, leur fonction avait changé. Elles étaient devenues doubles, morcelées. Mais cette destruction du support ouvre d’autres perspectives.
Il ne s’agit pas de décalcomanies : la partie nettement visible de la surface photo est abimée sur le transfert - L’empreinte qui apparaît distinctement sur le verso n’est plus lisible sur la surface originale de la photo.
Cette « technique » accidentelle évoque l’enchevêtrement des souvenirs et l’aspect aléatoire de leur surgissement. Elles ont perdu leur fidélité au réel, mais leur union fragile raconte l'histoire de mon enfance.
Cette série interroge le fonctionnement de la mémoire et le processus de création photographique : le choix et la conservation d’un évènement survenu, la transformation et l'oubli de certains détails, la reconstruction du passé, et finalement la structure de la narration d’un récit.
La photographie tente de saisir le temps, ces miroirs saisissent l’effacement. JEAN-FRANCOIS existe, grâce à l’oubli et à la destruction.